Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ARBORES SACRAE

ARBORES SACRAE. -Le sentiment religieux qu'éveillent dans les âmes la profondeur et le silence des forêts, l'admiration pour certains arbres qui surpassent les autres en beauté, ou la reconnaissance pour les bienfaits dont l'humanité est redevable à quelques-uns, se sont manifestés chez tous los peuples anciens et y ont pris souvent les formes d'un culte véritable, attesté par les auteurs et par les monuments. S'il fallait en croire Pline les arbres auraient été les premiers temples. Lucien dit aussi qu'avant qu'aucun autre culte fût rendu aux dieux, on enferma dans des enceintes des bois désormais sacrés, et on attribua à chaque divinité un arbre qui lui fut propre : c'est ainsi que le chêne appartint à Jupiter, le laurier à Apollon, l'olivier à Minerve, le myrte à Vénus, le pin à Cybèle, le peuplier à Hercule, etc. ". Mais, sans chercher des témoignages récents et douteux pour des origines si anciennes, on peut rappeler que le culte des arbres, adorés comme des dieux ou vénérés comme des séjours que ceux-ci auraient choisis, se retrouve dans la religion primitive de toutes les races qui ont peuplé l'Asie occidentale et l'Europe °, et que les plus antiques traditions de la Grèce et de l'Italie en ont conserve le souvenir. Il y en avait qui faisaient naître les premiers hommes des arbres et des rochers'. Celles qui se rapportent aux nymphes des bois, Dryades, Hamadryades, Napées, etc. [ vxi' AE], aux Faunes (rAUxLs], aux Silvains, [SILVANUS], expriment des croyances populaires touchant le premier âge de l'humanité. Le chêne à glands comestibles (tFlyis, esculus), première nourriture des habitants des bois, était consacré à Jupiter, père des dieux et des hommes 6. La forêt des chênes prophétiques de Dodone est particulièrement célèbre comme l'un des premiers foyers de la religion et de la civilisation helléniques f.IUPITER, ORACL'LUM] ; mais les mêmes arbres étaient ailleurs également vénérés, non-seulement en Grèce, mais aussi en Italie. A Rome, sur le Capitole, à la place où s'éleva le temple de Jupiter, il n'y avait d'abord qu'un chêne, auprès duquel Romulus déposa les premières dépouilles opimes 7. Un autre, sur le Vatican, datait des premiers temps de Home : une inscription en caractères étrusques indiquait l'ancienneté du culte dont il était l'objet 8. En 1456 av. J.-C., nous voyons un consul prendre un chêne solennellement à témoin, comme un dieu, de la foi violée par les Eques 9. Des chênes consacrés à Jupiter, à Mars ou à d'autres divinités, sont mentionnés ailleurs 10, Les fables obscures et diversement interprétées, relatives aux nymphes Mea(at, dont le nom se confond, en grec, avec celui du frêne, paraissent indiquer que cet arbre fut l'objet d'un culte également ancien et fondé sur des traditions semblables au sujet de la naissance des premiers hommes". Le figuier, présent de Cérès, de Bacchus ou de Jupiter, était sacré pour les Athéniens, les Lacédémoniens et d'autres peuples grecs, et son fruit considéré comme un symbole d'initiation à une vie meilleure, peut-être parce que sa culture avait marqué un progrès dans la condition des hommes u. On pourrait attribuer à des causes analogues la vénération des Romains pour plusieurs figuiers que mentionnent les auteurs 13; on expliquerait ainsi le nom même du ficus rurninalis, sous lequel, disait-on, une louve avait allaité Romulus et Rémus, s'il n'était plus probable que cette interprétation date d'un temps où l'on avait perdu de vue la signification véritable du nom : il désignait sans doute à l'origine l'arbre des Rampes, qui devinrent les Romani". Cet arbre s'élevait au centre de la Rome primitive, près de l'endroit où s'assemblèrent les premières curies. On voit, dans tous les cas, combien le respect qu'il inspirait était ancien. Le figuier ruminai est représenté sur deux médaillons d'Antonin le Pieux 1J, on voit (fig. 439), au centre d'un édicule circulaire ; à côté un édifice qui peut être la cabane de Romulus, ou le temple de Vesta ; on y voit encore Énée portant Anchise, et la truie allaitant ses trente petits, qu'il rencontra en abordant dans le Latium; c'étaient là autant d'antiquités religieuses des Romains, pieusement recueillies par Antonin. Beaucoup d'autres arbres dont on ne saurait expliquer le culte par leurs bienfaits et par la reconnaissance des hommes, reçurent des voeux et des offrandes comme s'ils étaient réellement des dieux : c'est ainsi que la Pythie avait ordonné aux Corinthiens de rendre au pin (DA-eil) ou au lentisque (cxivoç), instrument de la mort de Penthée et de la vengeance de Bacchus, les honneurs dus au dieu luimême 16. On ne peut douter que l'Artémis de Carye en Laconie, qui était un noyer 17, l'Artémis d'Orchomène, qui était un cèdre u, l'Artémis .1ôlTetpx, de Boiae, qui était un myrte 19, et d'autres arbres dont l'espèce n'est pas indiquée, mais dont les noms sont assez significatifs, tels que Zeus eEvSevtpog et Hélène evSo7Tts, à Rhodes, Dionysos eEvSevôpos, en Béotie 20, ne fussent considérés comme renfermant en eux une divinité ". Pour tous ceux dont le culte nous est attesté par les auteurs ou par les monu ments les textes n'indiquent pas toujours qu'ils fussent identifiés avec un dieu, mais il en résulte au moins que celuici y faisait sa résidence, on qu'on y voyait son symbole. L'olivier '2, création de Minerve, signe de sa victoire sur Neptune lors de la mémorable dispute pour la possession de l'Attique, lui resta toujours consacré. On conservait dans l'enceinte découverte du temple d'Érechthée, sur l'acropole d'Athènes, un tronc antique considéré comme la pousse même (i)ssmz Tcyxûipos) que la déesse avait fait sortir du sol en le frappant de sa lance, et comme la tige mère des oliviers sacrés que la loi entourait d'une protection spéciale jmoruA1]. Ce tronc portait, comme les images de Minerve, le masque de la Gorgone 27, et probablement aussi des armes qui lui donnaient l'apparence d'un trophée. Les trophées qu'on voit sur quelques monnaies d'Athènes24 en sont probablement un souvenir. Dans la peinture d'un vase découvert il y a peu d'années à Mégare 25 (fig. 441), des jeunes gens sont représentés amenant au pied d'un pareil simulacre des animaux destinés au sacrifice. Enfin dans plusieurs bas-reliefs commémoratifs de victoires, qui appartiennent à divers musées et qui ont entre eux une similitude presque complète 2B, sont figurés, auprès d'un arbre dépouillé de ses branches, qui tantôt porte une statuette de Minerve, tantôt un trophée d'armes, d'un côté un guerrier, de l'autre une Victoire offrant une libation à un serpent enroulé autour de l'arbre : dans tous ces monuments on doit reconnaître sans doute une imitation de ces images de Minerve Poliade ou de Minerve Victoire qui consistaient en un tronc d'olivier non taillé et couvert d'un trophée='. La querelle de Minerve et de Neptune et la création de l'olivier étaient représentées dans un des frontons du Parthénon ; elle l'était aussi, un peu différemment et telle qu'on la voit reproduite (fig. 4442) sur des bronzes de l'époque impériale, clans un groupe de marbre placé vers l'angle nord-est du même temple et dont quelques fragments ont été retrouvés n: on la voit encore sur des vases peints 29, ARB ---358-A t l sur un magnifique camée du cabinet de France [-m'INTERNA] et sur d'autres pierres gravées 30.L'olivier de l'acropole est souvent figuré sur les monnaies d'Athènes 31, tantôt auprès de Minerve, tantôt avec la chouette et le serpent familier, quelquefois à côté de l'autel de Jupiombrageait dans l'enceinte de l'L+rechtheion. Jupiter, dont le culte fut d'ailleurs constamment associé à celui de Minerve chez les Athéniens, était aussi le protecteur de l'olivier sous le nom de Zsbç Mdptoç ou iÇMTatà371ç (c'est-à-dire qui protége avec la foudre les oliviers sacrés). Il avait un autel parmi les oliviers de l'Académie, rejetons de celui de l'acropole 33. La religion qu'ils inspiraient fit respecter ces arbres par les Lacédémoniens, lorsqu'ils dévastèrent tout le pays 33. On racontaït. aussi' 'pie lors de l'incendie des temples de l'acropole par les Perses, l'olivier de Minerve avait repoussé d'une coudée en une nuit, d'autres disaient de deux coudées 36. Nous voyons des rameaux ou des couronnes d'olivier placés comme un symbole de bénédiction, de clémence et de paix, dans la main des suppliants [sUPPLTCATIO] 35, dans la maison et au berceau des nouveau-nés 36, et quelquefois employés dans les purifications [LUSTRATIO, FurluS], comme ceux du laurier auxquels ils étaient joints aussi dans l'of Le laurier u est par excellence l'arbre salutaire. Les vertus qu'on lui attribuait le faisaient employer dans toutes les cérémonies lustrales, pour lesquelles nous renvoyons aux noms qui viennent d'être indiqués. On croyait qu'il avait le pouvoir non-seulement de purifier et de guérir, mais encore de prévenir et de détourner les maladies, les maléfices et toutes les mauvaises influences. Il passait même pour être à l'abri de la foudre 38. On le plantait comme un préservatif devant les maisons, ou on suspendait ses branches à l'entrée. A Rome, chaque année aux calendes de mars, ces feuillages étaient renouvelés à la porte des flamines, à celles de la Regia, de la Curie 39 ; l'autel public de Vesta et, dans les demeures particulières, l'autel domestique et les images des Lares 40 en étaient entourés. Les gens superstitieux portaient des bâtons de laurier, ou en mettaient des feuilles dans leur bouche 4l. L'usage des Romains de se couronner de laurier quand ils étaient vainqueurs et dans la cérémonie du triomphe ; d'en entourer les faisceaux, les bulletins de victoire [coRoNa, la nécessité de se purifier du sang répandu et de se préserver contre le mauvais sort qui s'attache de préférence (ce fut la croyance de toute l'antiquité) aux hommes trop heureux 4'. Ces vertus bienfaisantes du laurier devaient en faire l'arbre de prédilection d'Apollon, le dieu sauveur et purificateur [mono]; et en effet il ne manquait dans aucune des fêtes de ce dieu, dans aucune cérémonie de son culte (voy. notamment DAPHNÈP110RIA), et on le trouve figuré, comme sa marque propre, sur tous les objets qui lui étaient consacrés ; il croissait auprès de ses autels, ses temples en étaient entourés; son premier sanctuaire, à Delphes, fut une cabane de branches de laurier lui-même, dans ses images, il en est ordinairement couronné (fig. 443) 44 ou en tient un rameau, souvent même un arbuste entier (voy. p. 320, 321). On attribua à l'arbre du dieu de la divination le don prophétique; pour prédire l'avenir, les devins et la Pythie elle-même se couronnaient de ses rameaux, en prenaient une tige en main, ou en mâchaient des feuilles 45. Les poètes racontaient que le laurier, avant d'être un symbole de pureté et un attribut d'Apollon, avait été une vierge aimée par lui et qui n'avait échappé à. la poursuite du dieu, avec l'aide de la Terre sa mère, que par sa métamorphose en l'arbre qui garda son nom [nnriNÈ]. Ce récit s'accorde avec la tradition d'après laquelle la Terre (Fg) aurait possédé l'oracle de Delphes avant Apollon, et Daphné aurait été la première prètresse chargée de ses révélations 46 Le palmier était aussi un attribut d'Apollon, parce que ce dieu avait reçu le jour sous son ombre dans l'île de Délos. 11 est mentionné à côté du laurier, et quelquefois de l'olivier, dans les autres lieux où des traditions différentes plaçaient la naissance des jumeaux enfants de Latone47. On voit sur un vase peint1i3 le palmier de Délos auprès duquel Apollon, monté sur un cygne, descend à son retour des pays hyperboréens (fig. 367, p. 311). Ailleurs le même arbre est figuré à côté du trépied 49. La palme est l'emblème bien connu qui servit constamment en Grèce, puis à Rome, à symboliser les victoires remportées, soit à la guerre, soit dans les concours 50. Le myrte 51, consacré à Vénus, paraît avoir eu le double caractère que l'on retrouve si souvent dans la religion de cette déesse : emblème à la fois riant et funèbre, d'une part, il représente la jeunesse et la beauté, l'amour, l'union ARB non-seulement entre amants ou entre époux, mais encore entre citoyens. On en faisait des couronnes pour les mariages; les femmes en portaient dans toutes les cérémonies du culte de Vénus ; à Athènes, le myrte était l'insigne des magistrats en fonctions, des orateurs qui prenaient la parole dans les assemblées publiques '9; à Rome, deux myrtes plantés devant le temple de Quirinus, l'un pour les patriciens, l'autre pour les plébéiens, symbolisaient l'union des deux classes 5". Les Romains et les Sabins célébrèrent leur réconciliation, après des luttes sanglantes, en se couronnant de myrte, auprès du temple de Vénus Cluacina u; et c'est au culte de Vénus Victrix qu'il faut rattacher l'usage des couronnes de myrte dans l'ovation et le triomphe sur le mont Albain, à la place de celles de laurier dont on se ceignait dans le triomphe proprement dit ° [ovATIO, TRlu.FPHUS]. D'autre part, le myrte croissait autour des tombeaux $" ; on en couronnait les morts, on l'offrait aux divinités infernales34; la couronne que portaient les mystes dans les mystères de Cérès et de Proserpine avait aussi un sens funèbre". Le myrte avait de même sa place, et sans doute par des raisons semblables, dans le culte de Bacchus 59. En dehors de toute considération du même genre, on ne saurait s'étonner de voir une plante dont l'usage était si répandu" servir dans beaucoup d'autres chconstances, par exemple à couronner les vainqueurs de divers jeux "I. La double signification que nous venons de remarquer dans le symbolisme du myrte se retrouve dans celui de plusieurs arbres. Sans parler ici de la rose qui appartient aussi à Vénus "', et de certains fruits, comme la pomme, la grenade, etc., nous citerons au moins le cyprès"considérc dans toute l'antiquité comme l'arbre des morts, et dont la destination funèbre est marquée par toutes sortes d'usages [ruxus],tandis que d'autres paraissent marquer plutôt l'idée, conciliable d'ailleurs avec la première, d'une durée éternelle B4 ; il entourait aussi les temples de dieux qui avaient un caractère tout opposé, comme celui de Ganymèda [HÉBÉ], à Phlionte, d'Esculape, à Titane de Jupiter, en Crète "de Latone, de Diane et d'Apollon en divers endroits B7. Le peuplier " était consacré à la fois à Hercule et aux dieux infernaux, comme tous les arbres réputés stériles, ou que, par d'autres motifs, d'antiques prescriptions religieuses déclaraient frappés de malheur [laFEiix ARBOR, ceux]. Le pin aussi avait souvent, mais non pas toujours, une signification funèbre '9; on le trouve représenté tour à tour comme attribut de Neptune, de Pan, de Sylvain, d'Atys et de Cybèle. I1 faudrait mentionner beaucoup d'autres arbres qui ont un rôle dans la mythologie et dans le culte de différents dieux : la vigne et le lierre, qui appartiennent à Bacchus, le platane, le pin, le saule, etc. Il y aurait un grand intérêt pour la connaissance des religions antiques à déterminer 23.97 Schol. Aristoph. Han. 336. 38 Schol. Soph. Oetl. Col. 68i , Sainte-Croix, Paz. 948.-60 Aristoph. Th... 448. ti Schol. Pind. 01. VII, 152, Athen. XIII, p. 667 ; Weleker, Gotterlehre, p.710. -62 Bstticher, xxxv et s. , Welcker, 1. l.; Hehn, 1, 20; Ovid. Met. III, 155. 68 Butticher, e. xxxuo 69 Praun, in fa/ah. d. Alterth. in Rheinlande, XVI, 1851, p. 47 et s. 70 Voy. par exemple, Kuhn, Die l'origine et le véritable sens des traditions qui font d'un arbre l'emblème de tel dieu ou héros. Sans doute il faut attendre de nouvelles lumières des rapprochements auxquels la philologie et la mythologie comparées doivent leurs découvertes : elles éclairciront les fables qui font naître ces dieux ou ces héros, ou qui placent leur tombeau sou les arbres qui leur restèrent consacrés; qui racontent leurs apparitions, leurs amours, leurs métamorphoses dans le voisinage de ces arbres ; elles montreront que ces rapports souvent expliqués par une ressemblance de nom ou par une autre circonstance toute fortuite, ont une cause plus profonde 70. Nous ne nous avancerons pas davantage sur ce terrain. Il doit nous suffire d'avoir recueilli au sujet du culte des arbres des témoignages anciens qui en indiquent le vrai caractère; des monuments de toute espèce no as donneront une idée de la variété des formes extérieures de ce culte, sans qu'il soit possible de discerner toutefois s'il s'adresse aux arbres eux-mêmes ou aux dieux auxquels on les voit ailleurs consacrés. Beaucoup, par exemple, portent, comme le laurier d'Apollon, représenté plus haut (fig./Vs3), desbandelettes, signe ordinaire de la consécration[TAENIA, bleaux et autres objets votifs des couronnes, des attributs connus des dieux : dans un bas-relief qui orne un autel de Cybèle et d'A on voit suspendu aux branches d'un pin une syrinx, des clochettes, une patère, une ciste, un seau, qui sont des instruments du culte de la Mère des dieux ; dans d'autres monuments ce sont des engins de pêche ou de chasse, des pièces de gibier, des armes, des outils de diverses professions, etc., qui sont ainsi exposés. Une peinture d'Herculanum (fig..i45) montre, à côté de chapelles situées au bord de la mer et dont s'approchent des pêcheurs et d'autres personnages, un arbre protégé par une clôture basse; sur le mur sont appuyés deux avirons, et derrière est un filet déployé n. De ces images on peut rapprocher beaucoup de passages des poêtes; la plupart des épigrammes votives de l'anthologie sont des dédicaces d'objets de toutes sortes, et ces ofi'randes sont quelquefois fixées à des arbres 74, Rien n'indique myth. comp., trad. G. Ferrat, p. 117 et s., etc. 71 Voy. encore Mnlln I, p. xnu; Millin Vas ges, pL su; R. Rocnette, Peint. etnt. mets poses sur l'arbre bai étaient aussi consacrés; le taureau et ie bélier sont au ,. au sacrifice; vo} encore Mus. Bonbon. t. XIiI, pi. xnx; Gerhard, AM. Bald Roux et Barré, Pompéi, Peint. 5. série, pl. xix ; cf. Anth. pal. YI44, 5, 11, bull. 11, 6, 29 ; Apul. P'lorid. 1; Met. VL 3, p. 387 Oudcnd ; Anth. Pal. AR, 57, sûrement dans ces exemples que l'arbre doive être considéré comme la divinité à qui l'offrande est faite, ou comme un temple où elle fait son séjour; mais le culte paraît bien s'adresser à l'arbre directement lorsque l'on voit placés de vant lui des autels ou des tables d'offrandes comme il y en avait devant les idoles. La figure 446 représente, d'après une peinture de Pompéi '75, une de ces tables au pied d'un arbre, que soutient une élégante colonne ; parmi les dons qui s'y trouvent réunis, le eanthare posé sur la table, le thyrse, le tambourin attachés au tronc par des bandelettes, etpeutêtre la figurine, qui est, comme la table elle-même et comme les tablettes posées à terre, entou rée de ce signe de consécration, paraissent appartenir au culte bachique. Un autel est placé de la même manière devant un arbre consacré à la Mère des dieux, comme le prouve une in scription qui accompagne le bas-relief, dans une sculpture du Louvre 7° (fig. 447); des cymbales sont suspendues aux branches; une prêtresse voilée et un jeune garçon tenant la double flûte s'approchent en faisant le geste de l'adoration [AnonATlo] ; un enfant conduit un bélier qui va être sacrifié, et derrière l'autel, se tient une seconde femme voilée, portant un plateau. Ces exemples deviennent plus significatifs encore quand on les rapproche des textes où il est formellement parlé d'autels dressés devant des arbres, de sacrifices qu'on leur offrait, de prières, de baisers ou tout au moins du salut de la main que tout passant leur adressait"; il faut y ajouter les inscriptions qui les recommandaient à la piété publique °°. Les statuettes qu'on voit quelquefois placées sur le tronc de l'arbre ou sur une des grosses branches taillée pour Iui servir de base, comme dans un fragment de bas-relief1t(fig.448), semblent bien indiquer aussi que cet arbre devait être regardé comme la demeure du dieu que représentaient ces images. Nous négligerons d'autres monuments où des figures sont placées non plus sur l'arbre même , mais à côté, sur un piédestal ou sur une colonne 80 : elles laissent, en effet, trop de doute sur la véritable signification de l'arbre, qui pourrait n'être là qu'un accessoire indifférent. Au contraire, il est difficile de ne pas reconnaître une idole véritable dans ces arbres auxquels on donnait une figure humaine,en les revêtant de costumes, d'armes etd'attributs qui les faisaient ressembler aux images qu'on était habitué à voir ailleurs. Nous en avons déjà cité des exemples 81 en parlant des oliviers de Minerve, de celui de l'acropole notamment, qui portait son égide et ses armes 8t. 46 ARB Plusieurs images de Minerve dont il a été parlé plus haut n'étaient pas non plus autre chose que des trophées ayant pour support un tronc d'olivier et devant lesquels on sacrifiait néanmoins comme devant un symbole divin, on l'a vu (p. 357, fig. 441), en effet, ce qui donnait aux trophées en général un caractère religieux, c'était la présence présumée d'un dieu dans l'arbre qui en formait l'ànle [TBOPAEUS]. A côté de ces trophées, il faut au moins mentionner ces idoles de Bacchus (fig. 449) dont les vases peints nous offrent des exemples 33, qui consistaient en un tronc d'arbre ou en un pieu recouvert de pampres et de lierre, de vêtements, d'attributs du dieu et d'une tête ou d'un masque fait à la ressemblance de quelque image plus parfaite : une table destinée aux offrandes et aux libations est ordirairement placée devant elles , et quelquefois un autel ,' montrant clairement le culte qu'on leur rendait. Ces représentations peuvent se rattacher au culte des arbres, mais l'arbre y disparaît ou y devient méconnaissable. Nous nous contenterons des spécimens qui viennent d'être indiqués, en renvoyant ailleurs pour d'autres explications [BACCHUS, Les arbres qui avaient un caractère sacré étaient, comme les temples, les autels et tout ce qui appartenait au culte, mis à l'abri de tout contact profane au moyen de murs, de barrières formant un enclos (septum) et quelquefois enfermés dans un édifice à ciel ouvert [SACELLUM]. L'olivier déjà cité de Minerve, sur l'acropole d'Athènes, était ainsi MM planté dans l'enceinte découverte du temple de Pandrose et, le hêtre de Ju piter, à Rome, dans l'édifice qui en avait pris le nom de Farlutal8i. Les monuments fournissent des exemples de ces constructions. On rencontre dans plusieurs peintures de Pompéi et d'Hercula num représentant des paysages, des arbres ainsi protégés par un mur peu élevé, semblable à une margelle depuits(puteal); tantôt il enserre l'arbre comme on voit le figuier ruminai sur les médailles d'Antonin (cidessus fig. 439, 440) et comme celui que reproduit la figure 450 36, d'après une peinture de Pompéi ; tantôt il forme un enclos plus ou moins étendu annexé à une chapelle : on en a vu un plus haut (fig. 415) et la figure 451 en offre un autre exemple récemment découvert 86. Nous possédons aussi des représentations d'édicules plus élevées, ayant l'apparence d'un portique ou d'une chapelle ouverte de toutes parts, entourant l'arbre, mais de manière à lais ser ses rameaux s'étendre en liberté. C'est une construction de ce genre qu'on voit (fig. 452) dans un bas-relief 37, prisonnés dans une caisse pour être jetés à la mer (fig.453) 3; Thoas enfermé de même par sa fille Hypsipyle ° ; Tennès et Hemithea (fig. 454) ', nous montrent la solide structure et les dimensions des plus grands de ces coffres : deux personnes peuvent y tenir ensemble; le couvercle ( rôiu-a) en est plat et s'ouvre sur une char 36` -_ ARC enfer °tant un chine de l'Ida, entre les branches duquel est placé un ais destiné peut tIre à les empêcher de se disjoindre pal l'effet de la vieillesse, ou encore à porter une dédicace. Ces édicules dans lesquelles un arbre était enfermé comme darls un sanctuaire, aussi bien que les enceintes plus vastes rfui entouraient quelquefois un groupe d'arbres ms même un bois tout entier [LUCus, étaient des asiles »on o tous les lieux interdits aux profanes [AsYLui]. l es achees, de quelque manière qu'ils eussent été consacr és, sait ps r la vénération traditionnelle qui les faisait t'onsidérer colnm.e des temples ou des images des dieux, soit par une manifestation particulière de la volonté divine, par exemple lorsqu'Ut( étaient frappés de la foudre (arbre /h/gunita, fanafaca) et par ce seul fait soustraits au monde propane"e [rtnamx], soit enfin par une consécration volons iaire et accomplie, selon les rites" [coasacaaTIO], étaient désormais inviolables. On ne pouvait les couper, ni les tailler ; ni les transplanter avant qu'ils eussent perdu par l'exauguration leur caractère sacré, ou qu'on n'eût accompli ries sacrifices expiatoires 90, l e culte des arbres a persisté jusqu'à la fin du paganisme. Les Pères de l'Église en parlent fréquemment comme d'une superstition partout répandue. Cette idolâtrie résista même aux peines les plus rigoureuses édictées par ies empereurs chrétiens ; elle a traversé tout le moyen âge et on la trouve encore vivante sous une forme un peu différente, dans les pratiques de beaucoup de peuples 91. Pour les soins donnés aux arbres de diverses sortes et les produits qu'on en tirait, voy, IORTUS, POMA, SILVA,